Patience et complexité en photo animalière par Yoann Thionnet

J’ai eu la chance de rencontrer Yoann lors d’une sortie photo. Son éthique, son approche en photo animalière et ses connaissances du terrain m’ont impressionnée ! La façon dont Yoann analyse l’environnement sur lequel il fait ses recherches est fascinante. Il s’agit, de mon avis, d’un fin naturaliste, respectueux de notre précieuse biodiversité. Faire de la photo animalière est une quête, un travail précis et indispensable pour pouvoir immortaliser des espèces dans leurs plus beaux moments de vie, sans dérangement. A travers ses mots, nous comprenons que la photographie animalière est une technique complexe, notamment lorsque l’on souhaite photographier des espèces rares et sensibles.

Je vous souhaite une très belle lecture et n’hésitez pas à lui laisser un petit commentaire sous l’article !

(L’article est plus agréable à lire sur ordinateur, notamment pour bien profiter des photos de Yoann présentes ici). Les photos sont protégées par son droit d’auteur.

QUI EST YOANN ?

Je me prénomme Yoann Thionnet, j’ai 37 ans j’habite à Chaux-Neuve dans le Doubs et je suis photographe animalier depuis 7 ans. Autodidacte, je suis professionnel depuis 1 an. Passionné de Nature depuis l’enfance, j’ai la chance de vivre dans une région où le domaine forestier est très vaste.

Peux-tu nous en dire plus sur ton activité de photographe ?

J’ai débuté la photographie en partageant des sorties avec mon ami Cyrille Donier, photographe talentueux qui m’a beaucoup appris. Petit à petit j’ai pris goût au pistage, et c’est ce que je préfère dorénavant. Je propose aujourd’hui des stages photo pour débutants afin de leurs enseigner les bases en terme de techniques de prise de vue, mais aussi comment appréhender l’approche, l’affut et savoir déceler la présence d’animaux sur un territoire. Un stage spécifique durant la période du brame du cerf est aussi proposé, une immersion totale sur une ou deux journée, tout en respectant et en dérangeant le moins possibles les animaux, une règle à laquelle je ne déroge pas, si une photo nécessite un dérangement pour la réaliser alors je ne la ferai pas.

 Que t’apporte cette merveilleuse passion ?

La nature est pour moi essentielle, elle me ressource, me procure un bien-être utile à mon équilibre de vie. J’aime les défis, je recherche avant tout la difficulté, mes images sont souvent le fruit de nombreuses heures de pistage, de compréhension et de connaissance du sujet. J’aime partager et faire découvrir ce monde sauvage, afin que les mentalités évoluent pour que la nature fasse partie des préoccupations majeure prochainement.

Je ne pratique que la photographie animalière, car c’est la seule qui m’attire. C’est grâce à cela que je peux faire prendre conscience aux gens du monde qui les entoure et faire passer le message que la nature est fragile et qu’elle doit-être respectée.

As-tu une idée du temps passé sur le terrain ou en affût ?

Je passe énormément de temps sur le terrain, je ne sais combien d’heures au total, mais le ratio temps passé, photographie réalisée est bien maigre…

Quelles sont les difficultés que l’on peut rencontrer ?

La principale difficulté que je rencontre sur le terrain est dû aux travaux forestiers, en effet je travail des fois pendant des mois sur un ou plusieurs sujets, une coupe de bois est réalisée est toutes leurs habitudes changent, tout le travail de suivi réalisé est à refaire. 

Chevêchette

Quelle est ton approche lors d’une sortie photo ?

Je joins souvent l’utile à l’agréable, avant toutes sorties spécifiques, j’arpente un secteur en me baladant, en famille, j’ai les yeux partout, chaque sentier, chaque indice pouvant trahir une présence est étudié, et je partage cela avec mon fils, j’essaie de lui enseigner ce que j’ai appris, c’est un bonheur sans égal.

Pic Tridactyle

Peux-tu nous raconter ta plus belle rencontre animalière ?

Ma plus belle rencontre animalière est sans aucun doute celle qui m’a pris le plus de temps pour la réaliser, 5 ans au total pour enfin me retrouver face à face avec le lynx boréal, une proximité folle, 3 mètres nous séparent est mes yeux se plongent dans les siens pour en garder un souvenir qui m’émeut encore aujourd’hui.

J’ai un nouveau défi, celui de photographier le loup sur le massif du Jura, j’y travaille depuis un certain temps et les premiers résultats sont là, mais pas encore de rencontre. Je ne suis pas pressé, je veux travailler encore et mérité de croiser le regard de cet animal, pour l’apprécier à sa juste valeur.

Quels sont les photographes qui t’inspirent et pourquoi ?

Plusieurs photographes attirent mon attention, j’aime beaucoup le travail de Teddy Bracard qui reflète une très bonne connaissance de son territoire et un gros travail d’observation, le travail d’Adrien Favre pour son engagement au travers de ses images pour le monde sauvage, et le travail de Julien Regamey pour son investissement sans pareil afin de réaliser un projet qui lui tient à cœur.

Que penses-tu des retouches en photo ?

Je ne suis pas de ceux qui vont passer des heures devant leurs PC, je préfère être dehors, c’est pour cela que mes photographies sont très peu retouchées. Je souhaite montrer ce que j’ai pu voir réellement et qui reflète l’émotion de l’instant. Chacun est libre de faire ce qui lui plaît, et je ne permettrais pas de critiquer.

Quelle est la photo dont tu es le plus fière? 

La photo dont je suis le plus fière est sans doute ma première photographie du Lynx boréal, je souhaitais la réaliser en été, période la plus difficile pour observer le félin, et cette image a été réalisé le 27 juillet 2017. Une satisfaction personnelle d’un travail bien réalisé.

Quels conseils donnerais-tu aux photographes animaliers ? 

Un conseil pour les nouveaux photographes animaliers: ne courrez pas après les photos, mais prenez le temps d’observer, de comprendre, et les photos suivront.

Quels sont tes projets, ton actualité ?

Pour ma part j’ai un projet pour fin 2022 qui se prépare, mais il sera dévoilé fin 2021. Sinon j’exposerai mon travail au festival « Prenons la Pause » en Octobre dans les Vosges, et au festival « Naturellement Doubs » dont je suis le président qui aura lieu le 1er week-end de Décembre dans le Doubs.

Je continue de me faire connaître via les réseaux, je développe tranquillement mon activités, ventes de tirages, stages, sortie observation et je vais postuler dans différents festivals pour exposer durant l’année 2022.

Pour finir je souhaite faire prendre conscience aux personnes qui lirons cette petite interview que la nature est d’autant plus belle quand on prend le temps de l’apprécier, alors quand vous allez vous promener prenez le temps et oublier votre montre pour profiter de l’instant.

Un petit mot pour la fin de l’interview ?

Un grand merci à toi Léa qui souhaite mettre mon travail à l’honneur via cette interview, et un Big Up à ton nouveau projet de Vivre Faune Alfort pour lequel je te soutiens et j’invite tout le monde à aller voir le contenu du compte Instagram.

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(2 commentaires)

  1. Superbe interview. Un mec au top, patient, passionné et méthodique. Une grande connaissance du milieu où il évolue et où il travail. J’ai adoré passer 2 jours avec lui au printemps dernier .Hâte de retourner le voir lui et ses superbes forêts du haut Jura .

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