Camille et Bastien sont un couple de photographes animaliers très engagé envers la préservation de la biodiversité. A travers leurs photos, leurs actions, leurs textes, ils souhaitent sensibiliser et agir à leur échelle.
Leur travail est de toute beauté, leur engagement admirable, leur éthique comme tout un chacun devrait agir pour la préservation du vivant.
Cet article vous plonge dans ce quotidien qui les anime, dans ce combat pour lutter contre les atrocités et les incohérences quotidiennes que subissent la faune, la flore et tout ce tissu vivant qui tentent de cohabiter avec une espèce destructrice : l’Homme.
Bonne lecture ! 🥰 N’oubliez pas de leur laisser un petit mot en commentaire et à suivre leur travail (lien en bas de l’article). Les photos sont protégées par leurs droits d’auteurs.

Camille & Bastien,
photographes animaliers
Ca fait souvent sourire les gens quand on leur indique nos provenances respectives car on pouvait
difficilement faire plus écarté en France. 😉
Camille vient du Sud de la France, du Minervois pour être précis. Quant à moi je viens du pays plat des chtis.
Nous avons tous les deux eu un attachement pour la Nature et en particulier pour les cours d’eau. Nos chemins se sont croisés lors de notre cursus universitaire, à Tours, où nous avons effectué nos études dans le domaine de l’écologie des milieux aquatiques.
Après un passage de quelques années dans le Nord de la France nous nous sommes
aujourd’hui installés en Haute Corrèze, à quelques pas du Cantal.
C’est sur ce territoire rural que Camille travaille au Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin et moi dans une communauté de communes.
Nous œuvrons tous les deux en faveur de la renaturation et de la préservation des
cours d’eau.
Pourquoi la photographie animalière ?

Notre goût pour la photographie a été très progressif.
Vers 2015, nous avions acheté nos appareils photos plutôt dans une démarche « naturaliste », pour nous aider à identifier les espèces d’oiseaux et d’insectes.
Peu à peu notre goût pour la photographie s’est développé. La rencontre avec des photographes passionnés n’est pas étrangère à ce début de passion.
Nous avons tous les deux eu la chance de pouvoir effectuer un stage photos et cela a été l’un des éléments déclencheurs. Nous habitions près de Namur, son festival bien connu est devenu notre rendez-vous de l’année. Les conférences qui y étaient organisées nous ont clairement inspirées et motivées.

Bref, notre passion pour la photo nous la devons beaucoup aux partages et aux échanges avec d’autres passionnés.
C’est d’ailleurs ce partage de connaissances et d’expériences que nous souhaitons, à notre tour, transmettre qui nous a amené à développer un blog et notre site internet en 2019.
Notre passion pour la photographie ne cesse de grandir : nous avons participé à notre premier grand festival photographique en 2021, organisé par l’association « Prenons la Pause ». En 2022, nous ajouterons plusieurs événements à notre liste : Picture For Nature (03), Signé Nature (19) et Mende (48). Ces participations sont une étape supplémentaire au partage de notre travail et au développement de notre passion.
Même si nous partageons la même passion pour la photo de Nature et que nous vivons ensemble, nous ne réalisons quasiment jamais de sortie photo ensemble !
Camille pratique la proxyphotographie et son truc c’est plutôt les petites bêtes. Pour ma part je me concentre à photographier les mammifères et les oiseaux, à travers de longues séances d’affût. La quête de l’animal est ce qui me motive le plus : suivre une espèce en particulier, sur une période assez longue, afin de la connaitre et de réaliser un vrai suivi photographique.
Que vous apporte cette merveilleuse passion ?
J’ai envie de te dire : beaucoup d’émotions sur le terrain ! Forcément de l’émerveillement, parfois du rêve, souvent du bonheur mais aussi pas mal de fatigue, de questionnement et d’inquiétude ! En soit, la photographie me procure un panel d’émotions que peu de passions peuvent nous procurer…
C’est tout de même pas mal de sacrifices au quotidien, j’ai arrêté ma seconde passion, le foot, mais aussi la pêche pour pouvoir consacrer un maximum de temps à la photographie.
Cette activité nous a permis de rencontrer des gens incroyables avec qui nous partageons les mêmes valeurs. Pour exemple, dernièrement nous avons participé au festival « Picture For Nature » à Cusset (03), nous avons eu des échanges très enrichissants avec les visiteurs et nous avons rencontré d’autres photographes (dont toi Léa), absolument géniaux !

Avez-vous une idée du temps passé sur le terrain ou en affût ?
Nous travaillons tous les deux à plein temps alors il est assez difficile de faire de la photo en semaine, hormis à la belle saison où nous avons un peu plus de temps après le travail… Je réserve surtout mes week end pour la photo ! Pour te donner une petite idée, je dois pratiquer 4 ou 5 séances d’affût par semaine en ce qui me concerne lors de la période propice : c’est-à-dire au printemps et automne. Je déteste la chaleur alors l’été je fais très peu de photos.
En hiver, le nombre de session d’affût diminue drastiquement également, je fais un peu d’oiseaux des jardins mais je consacre une grande partie de mon temps libre à la prospection de terrain pour justement préparer la belle saison : recherche des arbres à loges, des terriers, des nids de cincle, etc. Connaître mon environnement est, à mon sens, indispensable !
Prochainement, je passerai à temps partiel, cela devrait me permettre de développer quelques projets photographiques 😉
Camille est incapable de rester immobile plus de 10 secondes, donc les longues séances d’affût ne sont pas pour elle. 😉 Elle procède plutôt à l’opportunité et fait des séances de quelques heures de temps en temps.
Quelles sont les difficultés que l’on peut rencontrer ?
Je ne sais pas si nous pouvons appeler cela une difficulté mais pour la pratique de l’affût, je pense qu’il faut savoir accepter que l’échec soit une normalité !
Il faut savoir admettre que revenir bredouille à la maison est quelque chose de normal et que malgré l’absence de résultat, le temps passé à attendre nous permettra d’apprécier encore plus le moment désiré !
Alors bien évidemment c’est facile à dire et je suis peut-être le premier à pester mais dans une société où tout doit aller vite, prendre ce recul là est certainement une réelle difficulté…
Le livre de Sylvain Tesson « La panthère des neiges » est un bon moyen d’imaginer cette difficulté et de l’accepter 😉

Parlez-nous de votre passion pour les Pics noirs !

Tu me prends par les sentiments là ! 😉
Nous avons toujours eu un faible pour les espèces iconiques de nos habitats mais c’est vrai que j’ai un attachement profond pour le pic noir ! S’il y a un oiseau emblématique et révélateur de nos vielles forêts françaises c’est bien lui !
Cette sympathie pour lui a débuté il y a 5 ou 6 ans… Comme chaque année, nous nous étions rendus au festival Aves à Namur rythmée par les conférences. L’une d’entre elle portée sur le pic noir et la mise en lumière d’un travail titanesque de Jérôme Lecquyer qui le photographiait sur des fourmilières… ! Coup de foudre complet ! Je me suis alors documenté sur l’espèce et j’ai réalisé mes premiers suivis en 2018 pour ne plus jamais les quitter ! Mes premières observations de nourrissage à la loge ont été faites en 2019 en forêt de Mormal (59). Franchement c’est un souvenir incroyable ! Quand j’ai découvert que la loge était occupée par un couple, j’étais le plus heureux !
Le suivi de la période de nidification du pic noir est devenu une période de l’année incontournable pour moi, je pose d’ailleurs systématiquement mes congés au mois de mai pour pouvoir vivre pleinement ce moment !
Cette année j’ai pu suivre deux loges de nidification de façon assidue, du début de la couvaison jusqu’à l’envol des jeunes en direct ! J’ai également consacré pas mal de temps l’Hiver dernier à les suivre à leur dortoir ! Ca m’a permis d’avoir des images différentes de ce que nous pouvons voir lors de la période de reproduction. Avec l’absence de feuillage en hiver, j’avais notamment pour idée de photographier le pic noir à l’arrivée à sa loge dortoir et je pense avoir réussi mon défi 😊
Ce qui me fascine chez le pic noir c’est qu’il a un rôle ultra important pour notre biodiversité ! Toutes les loges qu’il construit sont des habitats de refuge ou de nidification pour de nombreuses espèces. Si une de leurs loges n’est pas utilisée par un couple de pic noir, il y a de forte chance qu’elle soit occupée par des pigeons colombin, une chouette hulotte, des chauves-souris, un couple de pic vert, d’écureuils ou même de martre…
Comment vous engagez-vous dans la protection de notre biodiversité ?
Nous essayons de faire des efforts au quotidien en adoptant un train de vie plus simple, moins consommateur… Nous travaillons tous les deux en faveur de la ressource en eau alors bien évidemment nous nous devons d’essayer d’être exemplaires sur notre utilisation de cette ressource. Nous avons également abandonné l’idée de prendre l’avion. Nous avons développé notre potager pour produire un maximum nos légumes et fruits. Bref nous tentons d’être le moins consommateur possible et de parvenir petit à petit à une certaine forme d’autonomie.
Nous avons la chance de vivre en pleine campagne et d’avoir du terrain alors cette année nous avons créé une petite prairie fleurie, plantés quelques cardères dans l’espoir de pouvoir accueillir quelques chardonnerets, installé un nichoir à chevêche…
Nous avons également pour projet de faire de l’acquisition foncière afin de préserver des habitats menacés et en particulier les forêts de feuillus. Nous pensons que la maitrise foncière est l’action la plus forte et efficiente pour préserver la biodiversité.
C’est un projet qui nous tient particulièrement à cœur et qui est sur le point d’aboutir car nous sommes sur le point d’acquérir une parcelle d’un peu moins d’un hectare ! Nous pourrons ainsi se dire que nous avons préservé ce petit bout de forêt face à une coupe rase programmée un jour ou l’autre, et ça c’est clairement une fierté pour nous ! Car il faut savoir que le contexte sylvicole en Corrèze et ailleurs en France est assez dramatique, écologiquement parlant.
Nous voyons souvent passer l’information que la surface de forêt en France augmente de plus en plus et qu’il s’agit d’une bonne nouvelle pour notre environnement… Mais cette donnée il faut la décortiquer un peu…
Certes le taux de boisement augmente mais la qualité des forêts et leur ancienneté dégringole, et tout le monde sait que les vielles forêts non mono-spécifiques sont les plus riches et les plus intéressantes écologiquement parlant.
Pour en revenir à la Corrèze, le territoire a fait l’objet d’une politique forte d’enrésinement à partir des années 1945 par la plantation d’essence étrangère comme le Douglas, le Mélèze ou encore l’Épicéa. Sur le plateau de Millevaches par exemple, le taux de boisement est environ de 50% de l’occupation du sol avec la moitié des forêts constituées de résineux dans le but de produire du bois et ainsi de gérer la forêt dans l’objectif de faire de la rentabilité.
De plus, le bois de chauffage (principalement chêne et hêtre) devient de plus en plus recherché, résultat les vielles forêts de feuillus deviennent très rares dans la région. Et ce sont ces forêts là qui accueillent et permettent la nidification de nombreuses espèces forestières autochtones. En plus de cette pression de production, s’ajoute la problématique du changement climatique qui ajoute encore plus d’inconnu sur le devenir de notre patrimoine naturel.
Cet hiver par exemple, il ne se passait pas une semaine sans que je constate avec désarroi la disparition de vielles parcelles de hêtres que j’avais repérées lors de mes prospections « pic noir ». Il fallait que nous agissions, à notre échelle… Il reste encore tellement à faire, mais c’est déjà un début.


Faites-vous des actions particulières pour la préservation des Pics noirs ?

Cela rejoint un peu mes propos précédents et notre objectif de faire de l’acquisition foncière de manière à préserver la biodiversité. Notre future parcelle de bois n’accueille pas de pic noir, le peuplement en place est trop jeune. Toutefois nous aimerions acquérir une futaie de hêtres, habitat idéal du pic noir. Ainsi, j’ai passé une bonne partie de mon hiver 2021/2022 à repérer leurs loges, dans un périmètre assez proche de la maison (20 km à la ronde). Tous les week-ends j’ai alors crapahuté et cela m’a permis d’en localiser une cinquantaine. À partir de cet inventaire, j’ai contacté par courrier les propriétaires en leur expliquant notre démarche de sauvegarde de notre patrimoine naturel et en particulier de la présence d’une espèce à haute valeur patrimoniale chez eux. J’ai dû contacter une vingtaine de propriétaires, quasiment tous m’ont répondu ! Deux d’entre eux m’ont fait savoir qu’une négociation serait envisageable à moyen ou long terme. J’ai quand même bon espoir qu’un jour nous puissions œuvrer directement en faveur du pic noir en sauvegardant leur habitat de prédilection ; les vielles hêtraies.
Si tout se passe bien, à partir de l’année prochaine je pourrai proposer des stages d’observation et de photographie du pic noir ! L’idée serait de proposer des stages plus ou moins complets selon la durée (1 à 3 jours). Un stage de 2 à 3 jours me permettrait de proposer un programme complet aux stagiaires comprenant une partie « théorique » (connaissance de l’espèce et de son habitat, comment réaliser un suivi photographique) et une partie « pratique » (prospection, affut). L’idée serait de partager mon expérience de manière à ce que le stagiaire puisse repartir avec les connaissances suffisantes pour lui aussi réaliser des suivis photographiques du pic noir ! Le partage est quelque chose qui me tiens particulièrement à cœur et je serai le plus heureux si je peux infecter d’autre personne au virus du pic noir 😉
Quel a été le déclic de ce fort engagement ?
Je te répondrai tout simplement, notre amour pour la Nature. Il faut dire que nous baignons quotidiennement dans le sujet via notre vie professionnelle et privée. Quand j’ai vu des parcelles de vielles forêts anciennes disparaitre du jour au lendemain il nous était impossible de rester les bras croisés. Même si les principales solutions pour enrayer la perte de biodiversité sont aux mains des décideurs et des politiques, nous avons-nous aussi, citoyens, notre rôle à jouer.
Nous espérons également que partager des photographies d’espèces communes, permet de sensibiliser à la richesse de notre patrimoine naturel local et à sa fragilité.

Que pensez-vous de l’éthique en photographie animalière et quelle est votre éthique, exigences lors de vos sorties photos ?
C’est compliqué de parler d’éthique en photographie animalière sans passer pour un donneur de leçon ^^ Mais nous pensons qu’il est important de se recentrer sur l’environnement qui nous entoure et avant de vouloir partir photographier les animaux d’un autre continent, il est peut-être plus logique d’apprendre à connaître et de mettre en valeur la biodiversité locale. Quand nous voyons la richesse et la beauté des espèces animales et végétales qui nous entoure, nous n’aurions jamais assez d’une seule vie pour en faire le tour ! Cette pensée est devenue un peu notre éthique : nous concentrons maintenant la grande majorité de nos sorties photo dans un périmètre très proche de la maison : si possible à moins de 10 km.
Pour connaitre du mieux que possible le sujet que je photographie mais aussi pour travailler au maximum mes clichés, je réalise maintenant des suivis spécifiques à une espèce sur une période assez longue. Pour exemple, cette année je m’étais promis de travailler sur le blaireau. Depuis avril je multiplie les sessions d’affût sur plusieurs blaireautières que j’avais identifiées cet hiver et ce jusqu’à la fin de l’été. Je me concentre alors sur le suivi d’une, de deux voire de trois espèces maximum pour connaitre leurs habitudes, leurs mœurs et pouvoir réaliser un suivi photographique complet.



Quelle est votre approche lors d’une sortie photos ?
J’essaye systématiquement maintenant de travailler et de penser mes images au préalable des affûts. Ce n’était pas forcément l’approche que j’avais avant mais quand je vois la quantité d’images circulées sur les réseaux sociaux notamment, il faut essayer de trouver un angle d’approche particulier.
Pouvez-vous nous raconter votre plus belle rencontre animalière ?
Il y en a eu tellement que c’est difficile de choisir… Il y a les classiques comme la première rencontre avec les renardeaux, le premier brame du cerf mais si je dois en retenir une je dirai ma rencontre avec la Loutre.
Nous nous sommes installés en 2020 en Corrèze à la frontière avec le Cantal. Lors de nos premières balades on avait vite compris que la Loutre était bien présente dans le coin ! Les épreintes et les carcasses d’écrevisses jonchaient les berges du cours d’eau le plus proche de la maison. Je me suis alors lancé dans un défi assez fou, la rencontrer… J’ai passé tous mes week-ends de juin et de juillet à me lever à 5h du matin pour affuter et espérer l’observer. Fin juillet je n’avais pas fait la moindre observation et j’étais totalement épuisé par les affûts, mais je savais qu’elle y passait régulièrement car les indices de présence étaient nombreux. Je me promets alors de tenter une dernière fois ma chance mais je n’y croyais pas vraiment. La première côte pour accéder au spot est un véritable calvaire. J’arrive sur site et je m’installe avec la plus grande des maladresses, c’est à ce moment là que l’inimaginable se produit… Elle est là, à une trentaine de mètres en train de pêcher. Je perds alors tous mes moyens, je ne trouve pas mes réglages, je tremble, je suis totalement tétanisé par la situation. Pourtant, elle, pêche paisiblement, en me jetant un regard de temps à autre. Je n’ai alors sorti aucune photo exploitable mais qu’importe, le moment restera inoubliable.

Quelles sont les espèces que vous rêvez de photographier et pourquoi ? / Quel est votre plus grand rêve en tant que photographes ?
Je ne pense pas avoir d’espèce rêvée en tête… Je peux très bien m’émerveiller sur des espèces très communes comme le pic épeiche… Forcément la rencontre avec un grand prédateur comme le loup ou le lynx est dans un coin de ma tête mais comme évoqué précédemment, apprenons déjà à connaitre ceux qui nous entoure…
Et tout simplement, pouvoir continuer à photographier toute cette diversité d’espèces sans qu’elles ne disparaissent face aux différentes pressions qui pèsent sur elles.
Avez-vous des espèces que vous affectionnez particulièrement et pour quelles raisons ?
Nous avons évoqué le pic noir, j’ajouterai le cincle plongeur et la pie grièche. Pour plusieurs raisons : A l’image du pic noir, ce sont deux espèces révélatrices de la qualité de nos milieux. Du bon état des cours d’eau pour le cincle. Du maintien d’un système prairial et bocager pour la pie grièche. Ce sont deux espèces aussi qui ont des particularités. Le cincle est le seul passereau capable de progresser sous l’eau. La pie grièche écorcheur fait des lardoirs en empalant ces proies sur des épineux ou du barbelé, ils sont fascinants !


Quels sont les photographes qui vous inspirent et pourquoi ?
Il y en a tellement mais s’il faut en choisir trois :
Je commencerai par Bastien Riu pour son talent artistique et le côté très esthétique et surprenant de ses photos !
Olivier Gutfreund pour ses nombreuses images d’oiseaux et de mammifères assez dingues mais aussi sa personnalité absolument géniale et décalée !!
Et un troisième, je dirais Joel Brunet et ses photos en gros plan ou minimaliste de renard, chat sauvage ou encore lynx dans son Bugey, un sacré photographe !
Que pensez-vous des retouches/post-traitement en photo ?

Nous pensons que cette question est un peu trop tabou et beaucoup de photographes n’osent pas dire que leurs photos a fait l’objet d’un développement, d’une modification. Du moment que ce n’est pas caché et que l’auteur est transparent sur son travail de post traitement, cela ne pose pas de problème, le post-traitement fait aussi partie de la pratique. Par exemple, la balance des blancs, le degré d’exposition peuvent être directement paramétrés sur le boitier et les fichiers RAW permettent de le faire également à l’ordinateur.
Pour notre part, nous exposons actuellement une série de photo sur la thématique du « clair-obscur ». Lors des festivals c’est fréquent que l’on nous demande comment le contraste de lumière peut être aussi prononcé. Nous ne cachons pas que certaines photos ont fait l’objet d’un développement en diminuant la luminosité et en augmentant les noirs.
Quelle est la photo dont vous êtes les plus fiers ?

Bastien : Ah… Est-ce que je peux en choisir 2 ? 😊
La première je dirai cette photo de loutre pour tout le travail et l’investissement qu’elle représente ! J’ai passé une quantité d’heures incroyable à espérer que cet individu que je suivais depuis quelques mois, se perche sur ce rocher… Il s’agissait d’un mâle qui était très fidèle à une portion de rivière ultra préservée et naturelle dans le Cantal. J’avais la chance de pouvoir l’observer quasiment à une session d’affut sur deux et surtout en pleine journée.
Cette photo me permet de démontrer qu’il est parfaitement possible d’observer cet animal mythique en plein jour malgré ce qu’on peut lire à droite ou à gauche ! Mon voisin et ami Bastien Masson ne dira pas le contraire… !

Et la seconde je choisirai ma récente photo de blaireau en clair-obscur dont je suis particulièrement fier ! C’était en avril dernier et il s’agissait seulement du deuxième affut sur une blaireautière que j’avais trouvé cet hiver. Tout s’est déroulé comme dans un rêve ; les blaireaux sont sortis vers 19h alors que j’étais posté depuis moins d’une heure. Après leur séance dépouillage, ils ont emprunté leur coulée habituelle et sont passés à quelques mètres de moi pour aller vadrouiller en forêt. L’un deux s’est arrêté à l’endroit exact où je l’attendais : à l’endroit ou les dernières lueurs du soir perçaient et contrastaient parfaitement avec l’arrière-plan très sombre de la forêt.
Avez-vous d’autres domaines qui vous intéressent en photos et/ou d’autres passions ?
En photo je dirai que non, je suis incapable de réaliser de belles photos de portrait par exemple. Sorti du monde naturaliste je suis une bille ! D’ailleurs un ami m’avait demandé d’être photographe pour son mariage… Je n’étais absolument pas à l’aise avec mon appareil photo et l’approche auprès des gens à photographier. La photographie de Nature est vraiment un monde à part et avoir des compétences en photographie animalière ne veut absolument pas dire que nous pouvons être bon photographe pour du portrait ou du paysage et inversement !
Sinon j’ai une seconde passion qui dénote un peu par rapport aux valeurs que véhiculent la photographie de Nature, c’est le football. Les personnes qui me connaissent en tant que naturaliste sont souvent très étonnées quand ils découvrent ma seconde passion mais j’ai baigné dedans et j’en suis toujours accro 😉
Et Camille butine dans plein d’activités différentes avec toujours le besoin de créer des choses. Et toujours dans un attachement à notre histoire, notre patrimoine, elle procède à des recherches généalogiques sur sa famille.
Quels conseils donneriez-vous aux photographes animaliers ?
Ne pas hésitez à rendre ses clichés originaux, authentiques, en apportant une touche personnelle ! Des photos « signature » permettront de sortir un peu du flux incroyable de photo que l’on peut voir passer sur les réseaux sociaux…
De prendre le temps de s’intéresser à ce qui nous entoure, aux choses simples, aux espèces communes, se documenter malgré le contexte d’une société qui nous pousse à produire, à ne pas perdre de temps, à courir après les likes,…
De ne pas hésiter à délaisser l’appareil photo pour les jumelles et apprendre à connaitre son environnement proche : connaître pour mieux photographier et pour mieux protéger.

Quels sont vos projets, actualités, prochains challenges photos ?
Alors ce ne sont pas les projets qui manquent !
Côté expo, nous exposerons prochainement au festival « Signé Nature » fin juillet en Haute Corrèze mais aussi à Mende (Lozère) fin septembre.
Dans l’objectif de proposer des stages photos à thème à partir de 2023 je vais très certainement lever le pied sur les affûts pour préparer le programme de tout cela !
Nous travaillons également sur un film mais nous n’en dirons pas plus pour garder un peu la surprise 😉
Et enfin côté photo, j’ai quelques espèces en tête que j’aimerai suivre précisément et sur plusieurs saisons : comme le martin pêcheur ou le pic vert…
Quels sont vos projets, actualités, prochains challenges photos ?

Merciii Léa !!
Si cela intéresse les lecteurs de connaitre un peu nos suivis photographiques d’espèce ou avoir des conseils sur la photographie plus largement, on a développé notre blog qui est accessible depuis notre site internet : www.anotreimage.fr
Sinon nous avons une page instagram : https://www.instagram.com/anotreimage/
Comme évoqué précédemment nous devrions pouvoir proposer des stages thématiques et en particulier sur le pic noir, alors s’il y a des intéressés… vous savez où nous contacter !
Suivez Camille & Bastien :
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Des photos magnifiques et deux personnes très sympathiques ! merci Léa encore une fois pour cette interview. Merci Camille et Bastien pour vos partages que je suis sur Instagram 😉
Merci pour ce petit commentaire qui fait extrêmement plaisir Nathalie !! Au plaisir de pouvoir un jour se rencontrer non virtuellement 😉