C’est avec une grande sensibilité pour le vivant que Violaine témoignage de son cheminement vers la photographie animalière et la manière de sensibiliser l’Homme à toute cette vie précieuse et fragile qui nous entoure. Au contact de la nature depuis toujours, c’est avec une certaine poésie que Violaine nous plonge dans son univers doux et artistique.
Bonne lecture ! 🥰 N’oubliez pas de lui laisser un petit mot en commentaire et à suivre son travail (lien en bas de l’article). Les photos sont protégées par son droit d’auteure.

Violaine Mironneau, photographe
Je m’appelle Violaine, j’ai 26 ans et je suis une sudiste (vauclusienne pour être précise). J’ai grandi en pleine cambrousse, sans Internet pendant très longtemps, je n’avais donc pas d’autre choix que de m’amuser en pleine nature.
De là est née une passion pour l’exploration et les animaux, notamment les chevaux et les longues balades équestres. Je passais tout mon temps dehors que ce soit aux écuries ou à me promener dans la campagne autour de chez moi, jusqu’à ce que je commence mes études supérieures sur Lyon. Et même une fois perdue en pleine ville, je trouvais toujours le moyen d’aller régulièrement au parc, le besoin d’être au contact de la nature étant toujours là. Campagnarde un jour, campagnarde toujours à ce qu’il parait !
Et c’est sûrement la raison pour laquelle après mes études de droit, j’ai décidé de revenir dans ma région d’origine et de vivre à nouveau en campagne.
Actuellement, je travaille au sein d’une agence bancaire et j’ai monté ma micro-entreprise de photo afin de pouvoir vendre mes tirages, et proposer quelques prestations photos dans le milieu équestre, avant de partir pour un long voyage au Canada dans le but de découvrir la faune sauvage là-bas, ainsi que d’expérimenter une autre façon de vivre.
Quel est ton parcours ? Pourquoi la photo animalière, depuis quand ? Quels sont tes objectifs, le message que tu souhaites faire passer ?
J’ai commencé la photo animalière pendant le premier confinement (comme quoi il était utile un peu ce covid). J’ai eu la chance de me retrouver confiné chez mes parents et à force de chercher à occuper mon temps, je me suis dit tu prends déjà des chevaux en photo alors pourquoi pas d’autres animaux. Et c’est là que tout a commencé. J’ai commencé à photographier les oiseaux présents dans mon jardin et je ne me suis plus jamais arrêtée.
Je photographie majoritairement les oiseaux car j’ai toujours été fasciné par eux, ils sont pour moi l’incarnation même de la liberté, ils peuvent aller où ils veulent, quand ils veulent. Mais je commence petit à petit à me mettre aux mammifères.
Quand je photographie un animal, j’essaie toujours d’apporter une approche légèrement artistique au sujet, mon but est de mettre le plus possible en avant l’animal afin de montrer que la plus belle œuvre d’art qu’on a sous nos yeux, c’est le vivant. Quand je vivais en ville, je trouvais que les gens ne prenaient plus du tout le temps de regarder la nature, beaucoup de personnes ne savent même pas nommer les animaux les plus courant qui vivent autour de chez eux et je trouve ça triste ce désintérêt pour la nature. Alors si je peux aider à faire en sorte que les personnes regardent à nouveau la faune, même à une mini échelle, je suis heureuse.


Que t’apporte cette merveilleuse passion ?
Les rencontres ! C’est surtout ce que je retiens depuis que j’ai commencé la photo animalière. J’ai rencontré des personnes que je n’aurais jamais connu autrement qu’en faisant de la photo. Et je trouve cela génial de pouvoir échanger avec plein de personnes d’horizon différentes, de connaître ce qui les touche, ce pourquoi ils sont engagés. Ça permet aussi de découvrir de nouvelles façons de penser, de se remettre en question sur ses actions.
Ça m’a aussi apporté de nouvelles connaissances je dirais, car à force de chercher les animaux ont fini par s’intéresser à leur mode de vie, à leur environnement et aux conséquences de nos actions sur eux aussi, notamment avec le changement des flux migratoires chez les oiseaux.


As-tu une idée du temps passé sur le terrain ?
Honnêtement je n’ai aucune idée du temps que me prend la photo animalière, n’ayant pas une pratique très régulière, mais pratiquant plutôt par phase en fonction des périodes de l’année.
Cependant, je sais que quand je pars en affût c’est en général pour trois ou quatre heures minimum.
Quelles sont les difficultés que l’on peut rencontrer ?
La principale difficulté que je rencontre c’est le climat. Vivant dans le sud et exerçant beaucoup lors des périodes de migration pour observer le plus d’espèces d’oiseaux différentes, je me retrouve souvent à sortir par temps très chaud, ce qui peut être dangereux car on risque vite l’insolation. Je dois d’ailleurs adapter mes horaires de sortie en fonction de la météo (lever et coucher du soleil) et parfois même renoncer certains jours quand on frôle des températures proches des 40°C.
Il faut également composer avec le mistral qui souffle très souvent par chez nous et peut rendre les observations compliquées, notamment avec les mammifères qui nous sentent parfois de loin, en fonction du changement du vent.


Que penses-tu de l’éthique en photographie animalière et quelle est ton éthique, ton exigence lors de tes sorties photos ?
Je pense que pour la plupart des photographes animaliers il y a une volonté de respecter la nature très forte, avec l’envie de sensibiliser au monde du vivant (même si on sait que cela ne suffit pas).
Mais je sais qu’il y a malgré tout des dérives et certains photographes sont prêts à tout pour obtenir le cliché, comme nourrir les rapaces, donner des graines toute l’année aux oiseaux, ne pas hésiter à déranger lors des nichés… C’est un vrai problème, car le but quand on photographie la faune c’est de la perturber le moins possible, de se fondre dans le décor et pas de faire la course à celui qui aura le cliché le plus spectaculaire, sans penser aux conséquences de ses actes égoïstes. Il faut savoir accepter que parfois il nous faut plusieurs jours d’affût, plusieurs mois, voire années pour obtenir la photo que l’on souhaite.


Quelle est ton approche lors d’une sortie photo ?
J’ai tendance à dire que ma sortie photo débute bien avant ma sortie réelle sur le terrain en affût, comme je photographie énormément d’oiseaux, je repéré en général les zones où se regroupe certaines espèces plusieurs jours en avance soit en voiture, soit lors de mes randonnées, que ce soit à cheval ou à pied. Il m’arrive également de demander aux paysans s’ils ont pu observer certaines espèces et dans quel coin.
Une fois que ce repérage préalable est terminé, je sors ma plus belle tenue de camouflage et je pars en observation de plus près. En général j’essaie de trouver un endroit soit à couvert, soit en bord de champs pour observer. J’essaie de repérer les habitudes des animaux, les heures où ils sortent le plus, où sont les nids (sans déranger bien sûr)… En général c’est une observation que je fais d’assez loin et je tire peu de clichés de ces moments-là. Mais c’est une phase super importante, car ça me permet de vraiment bien connaître le fonctionnement de chaque individu. Une fois cette phase terminée, que je suis sûr de savoir où je peux me positionner sans gêner pour espérer avoir un meilleur angle de prise de vue, je bouge.
Je fais également toujours en sorte lors de mes instants de repérage, de voir les petits détails dans la nature, qui pourront m’aider à apporter un côté plus artistique, plus graphique à la photo.
Peux-tu nous raconter ta plus belle rencontre animalière ?
Ma plus belle rencontre animalière c’était l’été dernier ! J’étais partie en observation voir les rolliers d’Europe. J’étais entrain de photographier un juvénile, quand une femelle loriot d’Europe est venu se poser juste à côté. Quand je l’ai vu dans le viseur, j’étais émue, tellement j’étais heureuse de la voir. Le loriot d’Europe est un oiseau compliqué à observer, on l’entend plus qu’on le voit et pouvoir le voir là, avec un petit rollier d’Europe en plus c’était génial. J’avais l’impression qu’on m’offrait un super cadeau.


Quelles sont les espèces que tu rêverais de photographier et pourquoi ? Quel est ton plus grand rêve en tant que photographe ?
Dans les espèces que je rêve de photographier, il y a le gypaète barbu, le pygargue à tête blanche, le geai bleu, le grizzly, le puma et le loup. Le gypaète et le pygargue font partie des oiseaux de proie qui me font le plus rêver avec leur envergure impressionnante, tandis que le geai bleu me plait énormément sans que je sache trop pourquoi, surement parce que ma couleur préférée est le bleu.
Pour ce qui est du grizzly, du puma et du loup, c’est parce que ce sont des prédateurs fascinant à mes yeux et qui souffrent beaucoup trop d’une mauvaise image selon moi, alors si on peut aider à faire comprendre qu’il faut les préserver on doit essayer, même si j’ai bien conscience que si la photo animalière suffisait il n’y aurait plus de chasse depuis longtemps.
Quels/quelles sont les photographes qui t’inspirent et pourquoi ?
Le premier photographe qui m’a inspiré, au point de me donner envie de faire de la photo, c’est Steve McCurry. Alors certes, c’est un photographe qui n’a rien à voir avec l’animalier mais il a une vision du monde je trouve magnifique. Il a une façon de faire ressortir les émotions des personnes, des lieux où il est, assez dingue je trouve. Je me souviens que quand j’étais petite je voulais devenir photographe reporter comme lui, pour montrer au monde ce que parfois on ne voit pas.
Sinon en photographe animalier je dirais que le premier que j’ai suivi et qui m’a inspiré c’est Yan Artus Bertrand bien sûr, son engagement pour la protection de l’environnement et son amour pour notre planète ressortant parfaitement dans ses photos. Il a une façon de nous amener les choses qui nous transporte et nous aide à prendre conscience.
Que penses-tu du post-traitement en photo ?
En tant que photographe qui aime bien amener un côté un peu « artistique » à mes prises de vue, je considère la retouche comme essentielle. Je retouche toujours toutes mes photos afin de les amener dans mon univers. Cependant, on n’est jamais sûr de la retouche très poussée, je ne joue que sur les ombres et lumières, les contrastes et la force des couleurs. Je ne suis pas pour dénaturer complètement une photo avec du montage… Mais j’aime pouvoir leur apporter un côté un peu plus travailler.


Quelle est la photo dont tu es la plus fière?

La photo dont je suis la plus fier est celle d’une corneille en vol en train de se poser sur un amandier en fleurs. Ce n’est clairement pas mon observation la plus spectaculaire ou inattendue, mais c’est tout ce qu’il y a derrière qui la rend spéciale.
J’étais sortie en affût pour observer les buses et finalement une fois dehors le temps s’est très vite dégradé, de la pluie arrivait, le ciel était gris, un vent fou soufflait, je n’ai donc pas pu rester longtemps dehors.
Ce jour-là je n’ai même pas observé de buses, mais juste une corneille vue de loin. Je suis rentrée chez moi en me disant que la sortie était foutue, puis j’ai mis mes photos sur l’ordinateur et j’ai vu cette corneille qui avec son plumage noir se détachait fortement du ciel gris. J’ai alors eu l’idée de passer la photo en noir et blanc afin de lui donner un rendu ombre chinoise et le résultat m’a énormément plu.
Moralité, une sortie photo n’est jamais totalement foutue, parfois on n’obtient pas ce que l’on veut mais ça ne veut pas dire que c’est raté, il y a quasiment toujours quelque chose de bon à tirer.
As-tu d’autres domaines qui t’intéressent en photos et/ou d’autres passions ?
L’équitation ! Et bien évidemment en tant que cavalière, je suis passionnée par la photo équine, j’ai même commencé la photo avec les chevaux. Ça reste d’ailleurs ma principale activité de photographe. J’adore immortaliser ces animaux que je trouve juste majestueux et leur relation avec le cavalier. Mais je suis aussi une grande fan de photo argentique pour tout ce qui est la photo de paysage. Je ne photographie d’ailleurs les paysages plus qu’avec mon petit appareil argentique maintenant, ou presque. La pellicule permet d’obtenir un grain, un rendu que j’ai énormément de mal à retrouver en photo numérique. Cela dégage quelque chose et permet de donner plus de corps, surtout sur des photos de paysage où il est parfois dur de faire ressortir une émotion. J’aimerais bien également pouvoir m’en servir en animalier, mais je sais que ça serait bien plus compliqué.
Je suis également une grande fan de danse et de milieu artistique en général. Je pratique la pole dance et le tissu aérien (sport avec une trop mauvaise image à mes yeux encore) à côté de l’équitation et de la photo. C’est un sport qui permet de se dépasser et étonnamment d’apprendre la rigueur et la patience, que je peux retrouver en affût d’une certaine façon.


Quels conseils donnerais-tu aux photographes animaliers qui débutent ?

Je n’ai pas vraiment de conseils à donner, débutant moi-même dans la pratique, mais je dirais de savoir être patient, de ne pas s’énerver si une sortie ne donne rien ou pas la photo qu’on désirait, c’est juste la vie. Quand on travaille avec du vivant il faut savoir accepter qu’on ne maitrise pas tout. Mais il faut savoir persévérer, car ça vaut vraiment le coup. La joie d’avoir pu observer un animal dans son milieu naturel et le capturer avec son appareil photo valent tout l’or du monde.
Quels sont tes projets, ton actualité, tes prochains challenges photo ?
Pour l’instant mes projets se résument à la préparation de mon départ au Canada, à l’élaboration du road trip que j’aimerais faire, ainsi qu’au repérage des différents animaux présents dans chaque Etats pour organiser des sorties photos. Et actuellement – je ne sais pas si on peut vraiment appeler ça un projet – mais je suis en train de créer une série sur ce que j’appelle les européens. Il s’agit d’une série photo qui va porter sur les trois oiseaux migrateurs qu’on a dans le Vaucluse et qui s’appelle le loriot d’Europe, le rollier d’Europe et le guêpier d’Europe.


Un petit mot pour la fin de l’interview ?
Pour cette fin d’interview je n’ai pas grand-chose à dire, si ce n’est lancez vous et faite ce que vous aimez que ce soit en photo ou non, mais faite le toujours dans le respect d’autrui et de la nature.
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