Nicolas Dubois, photographe animalier engagé, nous emmène sur le terrain !

Les mots de Nicolas se veulent rassurants sur bien des sujets et sauront apaiser certains débutants et même expérimentés. C’est avec simplicité que Nicolas fait connaissance avec le sauvage qui l’entoure tout en souhaitant sensibiliser grâce à des messages engagés pour le vivant. Talentueux et passionnant, apprenez à connaître une petite partie de ce photographe respectueux de son environnement.

Je vous souhaite une très belle lecture et j’espère que cette interview vous fera ressentir tout l’amour qu’il porte à ce qui nous entoure et de ce qui a de plus pur.🥰

 N’oubliez pas de lui laisser un petit mot en commentaire et à suivre son travail (lien en bas de l’article). Les photos sont protégées par son droit d’auteur.

Nicolas Dubois,

photographe animalier


Nicolas, 27 ans en mars, né pour le printemps ! Ingénieur écologue de formation, grand amoureux de ce que la majorité des gens appellent “la nature”, musicien quand le nuit ne permet plus de faire de photos 🙂

Comme beaucoup de millenials, je grandis avec un sujet préoccupant qui apparaît peu à peu dans l’espace public : le réchauffement climatique. Je choisis alors de faire des sciences de l’environnement pour apporter ma pierre à l’édifice, de la sensibilisation sur le sujet et à la lutte pour l’atténuer. Je quitte le Vexin pour une classe préparatoire à Paris puis une école d’ingénieur agronome à Rennes. Je m’y spécialise en écologie, préservation et aménagement des milieux. Je rentre alors dans la vie professionnelle en me frottant à des sujets sensibles : les algues vertes dans les Côtes d’Armor et la restauration écologique.

Une fois de retour sur la région parisienne, c’est l’épidémie de COVID qui commence et vient remettre en question ma carrière à peine commencée. Je quitte tout pour me lancer en photographe vidéaste freelance : je veux pouvoir agir comme je le veux et n’avoir à obéir à aucun supérieur dont je n’approuve pas la politique et les idées.

Aujourd’hui je réalise des reportages photos, vidéos et aériens =D.

Pourquoi la photo animalière, depuis quand ? Quels sont tes objectifs, le message que tu souhaites faire passer ?

La photo animalière est arrivée tout naturellement entre mes études, mon métier et mes passions. Elle a pris définitivement de la place avec l’achat de mon premier téléobjectif et de la ghillie ❤

C’est d’abord un plaisir égoïste de retrouver de l’air, respirer. D’aller à la rencontre de nos voisins de plumes et de poils. Je n’ai pas de but quand je vais faire des photos. En revanche, les sujets d’extinction de masse de la biodiversité – réchauffement climatique m’ont toujours collé à la peau. Entre ça et les rencontres avec les animaux, qui nous marquent, que l’on souhaite protéger, on fait passer des messages sans trop y réfléchir et assez naturellement ?

Je pense qu’une fois les bottes chaussées, et quelques expériences naturalistes réalisées, on ne peut que devenir porte-voix des sujets de défense de l’environnement. Mais c’est peut-être parce que je suis naturaliste avant d’être photographe.

Que t’apporte cette merveilleuse passion ?

Tout d’abord, il faut le dire, cette passion me prend beaucoup aussi : de temps et d’argent ! 

C’était pour la blague. Evidemment cette passion apporte beaucoup. La billebaude et l’affût sont d’abord de vrais moments de méditation. Puis viennent les rencontres, on vit des moments forts, indicibles. Et parfois même, on immortalise des scènes avec nos gadgets technologiques.

Et des rencontres, on en fait aussi avec d’autres photographes, cette passion est partagée par beaucoup, et beaucoup de belles âmes. Les naturalistes sont des gens biens.

As-tu une idée du temps passé sur le terrain ou en affût ? Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Oula ! Je ne compte pas les heures “de terrain” comme on dit. Probablement des dizaines et dizaines d’heures par semaine. A observer, écouter, relever les pièges photos, tester le matériel… Je réalise assez peu d’affût, c’est peut-être à mieux balancer d’ailleurs, puisque les meilleures images… sont celles qu’on obtient en affût, lorsque l’on devient invisible en forêt.

La première difficulté c’est d’être frustré de ne rien voir. Cette pratique demande un vrai effort d’investissement en temps au départ pour monter un peu en compétences. Il faut persévérer et prendre son temps. Tout est toujours devant nous dehors, il suffit simplement d’apprendre à lire… Les signes, les traces.

Ensuite, c’est de rater les rencontres ! Faire s’envoler un pic, faire craquer une branche et faire peur à un chevreuil… L’humain occidental s’est terriblement éloigné des milieux boisés notamment, des éléphants dans un magasin de porcelaine. On doit réapprendre à se déplacer, sentir et écouter.

Encore aujourd’hui il m’arrive d’alerter des chevreuils après des heures de pistage… On est en apprentissage constant.

Que penses-tu de l’éthique en photographie animalière et quelle est ton éthique, ton exigence lors de tes sorties photos ?

L’éthique, un sujet brûlant. C’est un peu un nuage de points à N dimension ou chaque point est un photographe et les dimensions : les différentes pratiques –Back to Sciences…

Il existe une multitude de pratiques sur lesquelles on peut avoir un avis positif ou négatif : le nourrissage, le pistage, les pièges photos, les affûts payants, les affûts en dur, les voyages à l’étranger, les Safaris, la Billebaude, la repasse etc. 

Et chaque photographe, chaque individu peut avoir un avis différent sur chacun des points, et c’est donc impossible de se situer sur une droite, allant de la moins bonne à la meilleure éthique. De mon côté, je vise le dérangement minimal. J’essaye de ne pas entrer en contact avec les animaux, je ne les nourris pas et j’essaie de ne pas modifier leur environnement, et je me concentre sur la biodiversité locale ou nationale. Ça me permet d’être cohérent et d’être à l’aise avec mes “combats”. Lors de mes sorties j’essaie aussi d’accorder de l’importance à tous ce qui vit : mammifères, insectes, champignons…

Peux-tu nous raconter ta plus belle rencontre animalière ? As-tu un rêve photographique ?

Ce serait impossible de te parler d’une rencontre. Je dirais surtout que les rencontres que je préfère sont celles que je partage avec des proches. Ça m’est arrivé au brame du cerf, devant des terriers de blaireau en été… Partager un moment aussi fort soude vraiment les liens. Comme peut le faire un voyage d’ailleurs.

Je vais peut-être être ennuyeux à mourir, mais je n’ai aucun rêve photographique. Ce que je souhaite c’est réussir à mieux comprendre les milieux qui m’entourent et leurs habitants. Rencontrer ce renard qui sort surtout les nuits, mais habite tout près de chez moi me suffirait amplement. Et si j’arrive à partager ces expériences, ces émotions, ces sentiments à d’autres, alors ma mission est accomplie.

Quels sont les photographes qui t’inspirent et pourquoi ?

Pour sortir des grands noms classiques, j’ai envie de parler de Bastien Masson, qui est un photographe du massif central dont l’objet principal d’étude est la loutre d’Europe, animal mystique et très compliqué à observer en France. Il réalise des images sublime, je vous conseille à tous d’aller consulter son travail, notamment sur Instagram sous le nom de Photovolcanique. Il est également présent sur les festivals.

Je souhaite aussi partager le travail d’Agathe Laurent qui fait un très beau travail de photographie de la faune péri-urbaine. De plus, elle transforme son amour pour l’environnement en engagement. Elle est l’une des rares artistes photographes animalières à oser l’ouvrir sur les sujets liés à l’environnement. On ne peut pas selon moi être un vrai naturaliste sans prendre position et parti quand il le faut. Elle le fait et est un vrai exemple selon moi. On l’embrasse ici !

Que penses-tu des retouches/post-traitement en photo ?

La retouche fait partie intégrante de la pratique de la photographie. Même à l’époque du tout argentique et des pellicules. Lorsqu’on développait ses photos on appliquait des traitements différents pour faire ressortir des couleurs ou des textures.

Depuis le début de la photo, on réalise des actions pour agir sur ses images. On peut croire qu’on ne retouche pas à une photo après avoir déclenché si on ne l’ouvre pas sur un logiciel. Mais même cela c’est faux.

Les boîtiers eux-mêmes ont des traitements internes. Un fichier en JPEG a connu un vrai traitement, ce n’est pas tout à fait la reproduction à l’identique de ce que vous aviez dans le viseur. Il ne faut pas en avoir honte. Au contraire, le travail de retouche permet d’exprimer l’intention des sentiments, les émotions, les objectifs d’un photographe.

On peut parfois juger qu’une image est complètement dénaturée par un très fort post traitement. Et alors, chacun fait ce qu’il veut. Aujourd’hui, personnellement, je travaille assez peu mes images en post traitement. Mon équipement commence à me suffire et je pense avoir choisi le matériel qui me permet au mieux de réaliser les images que je souhaite dès la prise de vue. Et quand bien même, je retouche toutes mes photos. De manière légère, certes mais tout de même.

Quelle est la photo dont tu es le plus fier ? 

Je crois qu’à chaque fois qu’on me demande, j’en cite une différente. Aujourd’hui j’ai envie de citer la première photo de baleine à bosse que j’ai réalisée en Islande. J’ai travaillé en tant que chercheur sur le comportement des mammifères marins et c’était mon premier voyage à bord d’un bateau dans la mer du Groenland avec une forte houle, j’ai été malade la moitié de la sortie, mais dès qu’une baleine a été en vue, j’ai complètement mis mon mal de côté : c’était ma première rencontre de baleine à bosse. Elle s’appelait Guaca : on sait reconnaître les individus et on leur donne des noms, c’est mieux que des suites de chiffres pour les suivis scientifiques. Je tenais à peine debout mais je ne pouvais pas la laisser partir sans immortaliser la rencontre. Que de souvenirs.

As-tu d’autres domaines qui t’intéressent en photos et/ou d’autres passions ?

Oui tout à fait, comme je le disais plus haut, j’aime beaucoup la musique, je fais notamment de la guitare, de la basse, si ça a des cordes ça se négocie quoi ^^’. Dernièrement je me suis essayé également à la sculpture sur bois mais j’ai failli y laisser un doigt, je vais laisser cette passion-ci derrière moi !

Quels conseils donnerais-tu aux photographes animaliers ?

Ce sont peut-être des conseils classiques, mais j’en ai deux : acheter de beaux livres sur la nature, y en a plein qui se trouvent sur les étales en seconde main d’ailleurs. Sur le pistage, sur les espèces… Les œuvres des Editions La Salamandre, ou encore ceux de Delachaux et Niestlé sont très biens.

Deuxièmement, oublier l’importance du matos. Le plus important est de sortir et de faire des observations. Aussi je pense que le meilleur premier achat est une bonne paire de jumelles. Sortir de bonne heure le matin et au coucher de soleil et d’observer à bonne distance ce qu’il se passe en sous-bois et dans les champs.

Quels sont tes projets, ton actualité, tes prochains challenges photo ?

J’ai plein de petites choses à présenter, si ça t’intéresse : je rejoins la rédaction d’une petite newsletter d’actualité environnementale avec une petite rubrique naturaliste : la Corneille https://www.lacorneille.fr/  Abonnez-vous =) !

Avec des copains, on vient de lancer un petit collectif de photographes nature : les sauvageons, n’hésitez pas à aller regarder ce qu’on fait et à nous rejoindre, le collectif est ouvert et on discute sur un Discord :), le but est de se détendre un peu et se marrer : https://www.instagram.com/les_sauvageons_/ 

Je travaille aussi sur différents projets d’expositions photos mais il faut venir voir mon travail sur Instagram pour suivre ça de plus près 😉

Je vais prochainement beaucoup développer mes vidéos animalières aussi, on se retrouve ici : https://www.youtube.com/channel/UCClmYvZ0N2D0EQyJHorrjzw

Un petit mot pour la fin de l’interview ?

Merci beaucoup à toi Léa d’avoir pris le temps de recueillir ces mots. Merci pour ton intérêt. J’aime beaucoup ton travail et je suis content d’avoir fait ta connaissance cette année, et je suis sûr que ce n’est que le début de nos collaborations ;). D’ailleurs, j’ai hâte de regarder les autres articles de ce blog !

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(1 commentaire)

  1. Cette nouvelle interview est aussi intéressante que les précédentes. Merci Léa de donner la parole à toutes ces personnes. Un grand plaisir de lire celle de Nicolas, que je suis sur Instagram d’ailleurs. Sympa cette nomination de Monsieur Loutre 😉 dans l’article.

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